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Burn-out

Le burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel


Bien que le stress au travail fasse partie de la vie de chacun, un stress prolongé et chronique peut entraîner, ce qu’on appelle un épuisement professionnel, un “Burn-out”.


Insidieux et progressif, nombreux sont ceux qui qualifient le burn-out comme étant “le mal de notre siècle”.



Les médias s’en délectent, les gens en parlent et les psychologues reçoivent de plus en plus de personnes épuisées dans leurs cabinets. Un terme aujourd’hui tellement vulgarisé, qu’il est souvent utilisé à tort et à travers, alors finalement le burn-out c’est quoi ?


 

Le Burn-out ... Qu’est-ce-que c’est ?


Ce syndrome (regroupement de différents symptômes) a d’abord été observé chez les personnes travaillant dans le domaine de la santé et bien qu’elles soient tout particulièrement exposées, on sait désormais que le burn-out touche tous les métiers.


Il faut rappeler qu’il ne s’agit pas encore d’un diagnostic officiel dans les classifications médicales de référence (DSM-V), mais force est de constater que ce syndrome existe et que de nombreux travailleurs et étudiants en souffrent.


"Le burn-out, c’est quand le travail rend malade"

Le burn-out est un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel » (Schaufeli & Greenglass, 2001). L’épuisement professionnel est toujours en lien avec une accumulation de stress dans la sphère du travail sur une période prolongée (généralement un minimum de 6 mois).


 

Qu’est-ce que ce n’est pas ?


On a tendance à confondre le burn-out avec un stress, une dépression, de l’anxiété mal gérée ou encore une fatigue prolongée, mais ce n’est pas la réalité des choses. L’épuisement professionnel est avant tout un processus, une dégradation progressive de vos capacités, qui se met lentement en place, mais ….

Le burn-out n’est pas :


Un stress

Le stress est une émotion banale de notre vie quotidienne qui peut se manifester dans toutes les sphères de notre vie (amour, famille, maison, travail, …). Le burn-out est spécifique au stress (chronique et aigu) associé au travail.


Un trouble mental reconnu dans le DSM-V

En effet, le burn-out n’est pas un terme médical officiel et n'est pas encore reconnu comme étant une maladie. Mais, c’est un syndrome regroupant un ensemble de signes cliniques et de symptômes apparaissant progressivement.


Une dépression


Qui elle, s’étend à tous les aspects de la vie, nécessite un traitement global et décrit un « état » chez une personne . Le burn-out, lui, s’exprime toujours et en premier lieu, dans la sphère professionnelle et est un « processus » de dégradation de son rapport au travail.


Attention tout de même, car au-dessus du burn-out plane l‘ombre de la dépression, d'où la nécessité de prendre soin de soi au travail.




Mais venons-en maintenant à comment se développe un burn-out…

 

Une sournoise progression vers l’épuisement


L'épuisement professionnel n’apparaît donc pas brutalement, il s’installe progressivement et se glisse dans notre vie de manière insidieuse. 4 grandes étapes ont été décrites dans le burn-out (Salembier-Trichard, 2019), les voici :


L’enthousiasme

La 1er étape, celle où tout semble bien aller. À ce stade, notre niveau d’énergie est très haut ! On est plein d’enthousiasme avec des ambitions et des objectifs à atteindre. Et même si c’est exigeant ou que les conditions de travail ne sont pas toujours favorables, on arrive encore à ce stade, à ressentir une certaine satisfaction dans son travail et à garder un certain sentiment d’efficacité personnel.


Le surinvestissement

On plafonne ! C’est à cette étape que l’on réalise que nos efforts acharnés et constants ne nous conduisent pas là où l’on le souhaitait (la carrière stagne, les efforts ne sont pas reconnus, la satisfaction au travail ne grandit pas). Le travail continue d’exiger plus de nous ou on continue de se fixer des objectifs toujours plus élevés. Soir, week-end, on ne déconnecte plus psychologiquement du travail, que ce soit avec les courriels, messages, pensées, ... !


La désillusion

La 3ème étape est celle des signes cliniques. Irritabilité, isolement, ressentiment, impatience, trouble du sommeil, trou de mémoire, … apparaissent. Au-delà de la simple fatigue, l’épuisement s’installe. On commence à perdre espoir, à ne plus voir la fin du tunnel, effort et ardeur au travail ne sont ni reconnus, ni appréciés.


Le burn-out

La dernière phase, le burn-out est là. Les réserves d'énergie sont brûlées, on se sent complètement épuisé émotionnellement, physiquement et mentalement. L’intérêt que l’on avait au début pour notre travail, s’est effacé et on est tout simplement plus capable de travailler (ce sont les capacités qui nous manquent, ce n’est absolument pas une question de volonté).



Ces 4 étapes sont le reflet d’un cheminement progressif, mais quels sont les signes cliniques d’un burn-out, autrement dit à quoi un médecin, ou un psychologue reconnaît un épuisement professionnel ?

 

Les signes du Burn-out


Les signes cliniques observés dans le burn-out marquent toujours une rupture avec l’état préalable à l’épuisement. Autrement dit, vous étiez capables de travailler efficacement et rapidement, de rendre vos dossiers ou travaux dans les temps, d’ouvrir vos mails professionnels sans avoir la gorge qui se serre, mais depuis quelques mois, ce n’est plus le cas…..


5 grandes manifestations traduisent le burn-out, chacune étant plus ou moins importante et variant en intensité d’un individu à l’autre (Maslach & Leiter, 2011):


Signes physiques

Commençons par les signaux qui amènent le plus de gens à consulter leur médecin pour épuisement, les signes physiques. Ceux que votre corps vous fait ressentir, lui non plus, n’arrive plus à tenir face à l’accumulation de stress au travail et cela provoque :


  • Des troubles du sommeil

  • Une fatigue importante et chronique due à un sommeil non-réparateur

  • Des tensions musculaires rachidiennes (dos, nuque, épaule) qui se transforment en douleurs

  • Une prise ou perte de poids

  • Des maux de tête

  • Des nausées

  • Des vertiges

  • Des crampes


Signes cognitifs

En seconde place des motifs de consultation les répandues pour cause de burn-out, nous avons les signes cognitifs. Ils peuvent être aussi troublants à expérimenter que les signes physiques, avec :


  • Des pertes de mémoire : comme des oublis de rendez-vous, de tâches

  • Des difficultés attentionnelles : des fautes et des erreurs que vous ne faites pas habituellement

  • Des difficultés exécutives : les fonctions exécutives jouent un rôle crucial dans la régulation émotionnelle et cognitive. En cas de burn-out, la résolution de problèmes, la planification, les capacités de raisonnement, la concentration, l’organisation et la flexibilité mentale sont altérées. Par flexibilité mentale (ou cognitive), je fais référence à la capacité à passer de manière flexible d’une tâche à une autre, comme le fait d’être en train de vendre à un client un produit au téléphone et de devoir le mettre sur pause pour répondre à un courriel important sur un autre sujet.

Signes émotionnels


Difficile de rester de marbre quand l'épuisement s’installe. On ne se reconnaît plus, on se sent moins efficace au travail, les symptômes émotionnels apparaissent alors avec les autres, comme pour nous mettre en garde que quelque chose ne fonctionne pas.


Malheureusement, peu sont ceux qui y prêtent attention. En effet, ils sont souvent peu abordés par les personnes souffrant d’épuisement professionnel, la honte ressentie y étant pour beaucoup, mais il ne faut pas sous-estimer les effets néfastes d’un épuisement et surtout quand on voit ce que cela peut entraîner :

  • Anxiété

  • Dévalorisation

  • Perte de contrôle

  • Tristesse et pleures

  • Perte de plaisir

  • Manque d’entrain

  • Hypersensibilité

  • Absence d’émotion ou difficultés à les identifier et les exprimer

Signes comportementaux


Face à ce stress prolongé et aux différents signes (physiques, cognitifs, émotionnels, ..) qui l’accompagnent, le comportement change aussi. Et l’on remarque :


  • Un repli sur soi et isolement social

  • Une diminution de sa tolérance à la frustration

  • De l’Irritabilité

  • De l’agressivité

  • Une diminution de l’empathie

  • Un ressentiment envers ses collègues

  • Des comportements addictifs


Signes motivationnels (ou d’attitude)


Difficile de maintenir un niveau de motivation élevé, quand on nous demande plus sans reconnaître le travail déjà accompli, quand les tâches et dossiers s’accumulent sur votre bureau avec des deadlines irréalistes, que l’on vous demande de faire d’une priorité sur plusieurs tâches/missions/dossiers importants en simultanée …. On en vient à avoir :

  • Un manque ou une baisse de motivation

  • Un désengagement progressif du travail

  • Des doutes concernant ses propres compétences

  • Un effritement des valeurs associées au travail


 

Les causes du burn-out


Vous l’aurez déjà compris le burn-out est causé par un milieu de travail trop défavorable, exigeant, non-empathique et une surcharge de travail, mais face au burn-out nous ne sommes peut-être pas tous égaux.


Facteurs de risques individuels

Est-ce qu’il y a des personnes qui sont plus à risque de faire un burn-out ?

Oui en quelque sorte.

Dans un contexte de travail stressant, certaines caractéristiques individuelles, ou traits de personnalité peuvent, contribuer ou vous exposer à un risque accru d'épuisement professionnel, comme :


Une faible estime de soi :

L'estime de soi a d’importantes conséquences dans de nombreux aspects de notre santé mentale. Rappelez-vous l’article sur l’estime de soi, nous avions vu qu’une faible estime affaiblit nos capacités à résister à l’adversité, au stress (notre résilience). Il n’est donc pas étonnant d’observer chez les personnes souffrant de burn-out, une faible estime de soi préalable à l’épuisement (Kupcewicz & Jóźwik, 2020). L’estime de soi joue un rôle si important, que nombreux sont les psychologues qui travaillent dessus avec leurs patients pour à la fois prévenir le burn-out ou le traiter.


Des tendances perfectionnistes :

L’incapacité à se contenter d’un travail “bien” fait, la recherche systématique d’excellence, avoir des normes élevées, … sont autant de facteurs pouvant contribuer à l’épuisement. Mais ce sont davantage les préoccupations qui accompagnent le perfectionnisme, comme la peur de faire des erreurs (considérées comme des imperfections), la volonté de maintenir un niveau de performance élevé, ou encore, une auto-évaluation constante et sévère, qui sont positivement liées à l'épuisement professionnel (Hill & Curran, 2016).


Personnalité de Type A :



Vous connaissez peut-être déjà la personnalité de type A ?

Elle est définie par 3 caractéristiques : compétitivité, sentiment d’urgence et hostilité.

  • Compétitivité : c’est-à-dire une soif de succès, un niveau élevé d’auto-exigence, une envie de se démarquer positivement des autres.

  • Sentiment d’urgence : être impatient, avoir besoin de régler les problèmes immédiatement, tout vouloir de suite

  • Hostilité : hausser le ton de sa voix sans même sans rendre compte, être hypervigilant vis-à-vis des attitudes de son entourage, ne pas accepter une remarque ou critique constructive.

En raison de ces caractéristiques, les personnes ayant une personnalité de type A ont davantage de difficultés à faire face au stress au travail et sont plus exposées à un risque de burn-out (Jeung et al., 2017).


Certains contextes de vie :

Avoir de lourde responsabilité familiale, être dans une importante période de transition (rupture, naissance, mariage, ..), ou encore la solitude peuvent entraver une bonne conciliation entre le travail et la vie.


Attention, il faut nuancer l’importance des risques individuels dans le burn-out. Oui, certaines caractéristiques individuelles ou traits de personnalité sont plus souvent observés chez les personnes présentant un syndrome d'épuisement professionnel,


MAIS


La grande majorité des recherches suggèrent que les caractéristiques de l’environnement de travail sont des facteurs bien plus importants que celles individuelles.




“C’est l’environnement humain dans lequel les personnes travaillent qui génère le burn-out “ Christina Maslach (1993)

Facteurs de risques professionnels


Comme l’a très justement dit “Le journal de Montréal” (février 2020) :

Le burn-out n’est pas de votre faute, c’est avant tout le boulot qui nous mène au bout du rouleau”

Quels sont les facteurs professionnels qui sont à risque d’entraîner un burn-out ?

Six catégories de facteurs de risque ont été identifiées, les voici (Gollac, 2011) :


L’intensité et l’organisation du travail : une surcharge de travail, missions imprécises et changeantes, demandes contradictoires, objectifs et deadlines irréalistes, etc. ... ;

Des exigences émotionnelles importantes : ambiguïté des missions, des rôles, dissonance émotionnelle, etc. … ;

L’autonomie et la marge de manoeuvre : à quel point vous permet-on d’être autonome ? Avez-vous les ressources et le support nécessaire ?

Les relations dans le travail : conflits interpersonnels, faible sentiment d’appartenance à l’équipe, messes basses, rumeurs, manque de soutien, management délétère/néfaste, etc. …;

Des conflits de valeurs : les choix de vie, idéologies, croyances sont critiquées ou remises en question ;

L’insécurité de l’emploi : une forte concurrence pour un poste/stage/promotion, turnover, etc. …


"Plus on commence à être épuisé et moins on se rend compte que l’on est épuisé"


Prévenir le burn-out avant qu’il ne vous brûle



Il est possible d’identifier le burn-out avant qu’il ne vous touche de plein fouet.

Il existe 4 grands signes avant-coureurs au burn-out, les connaître c’est vous évitez d'atteindre le point de rupture.


Des difficultés attentionnelles, de concentration, ou de mémoire

De légers oublis, des erreurs minimes, …. vous sentez que vous n’arrivez plus à faire aussi facilement et rapidement certaines tâches qu’habituellement.


Vous ne vous sentez plus aussi efficace au travail

Il peut y avoir différentes causes à cela, comme les erreurs, que l’on vous l’a fait remarquer ou une restructuration, un changement de poste qui a bousculé vos tâches et missions quotidiennes.


Vous compensez, vous travaillez

Vous travaillez plus pour compenser votre baisse d’efficacité. Vos soirées, vos jours de congé y passent, pour tenter de retrouver l'efficacité que vous aviez auparavant. Mais malgré des horaires à rallonge, vos efforts commencent graduellement à ne plus suffire.


Sommeil non-réparateur:

Au moment de dormir, vous pensez au travail. Vous vous réveillez dans la nuit, pensant avoir oublié quelque chose d’important. Fatigué au réveil, dormir ne suffit plus pour vous requinquer.


 

Comment gérer un arrêt-maladie pour épuisement ?



Contrairement aux idées reçues, “un bon repos et la vie repart”, se remettre d’un burn-out prend au moins autant de temps que l’installation du burn-out en lui-même.

Patience et bienveillance devraient être les maîtres-mots dans le processus de guérison, mais la vérité est tout autre…..car généralement, les personnes qui souffrent de burn-out, continuent à tirer sur une corde déjà bien abimée et travaillent encore après avoir atteint l’épuisement.


Pour quelles raisons ?

Eh bien, premièrement, en cas d'épuisement, on se remet toujours plus durement en question, que ce que l’on ne le fait pour notre lieu de travail. On se dit qu’on a mal géré son stress, ses émotions, que l’on n’est pas assez fort pour ce poste, …. On en oublie, les responsabilités de son lieu de travail.

En plus de ça, s’entendre dire que l’on a un burn-out est souvent considéré comme un échec. Ensuite, être en arrêt maladie pour épuisement professionnel est très souvent mal vécu, la honte et la culpabilité, déjà bien présente pendant l’installation du burn-out, prennent une tout autre ampleur dès que l’arrêt a été posé. Et pour finir, les personnes souffrant de burn-out n’aiment peut-être plus leur travail, mais elles aiment travailler ! Alors, leur dire qu’elles doivent arrêter de le faire, est souvent très dur.


Dire que l’on se sent nul, serait bien réducteur face au ressenti de ces personnes.

Encore une fois, dans une société où le bien-être et le bonheur sont autant promus, dire que l’on va mal est tabou !


Mais si jamais vous souffrez de burn-out, voici quelques conseils personnels pour bien gérer votre arrêt

 

Bien gérer votre arrêt pour burn-out


Demandez de l’aide :



Je ne serai que trop vous conseiller de consulter un psychologue (ou psychiatre) en cas de burn-out. Cela peut être le même qui a posé votre arrêt ou un autre, mais ne permettez pas à l’épuisement de perdurer !

Dites-vous que si une faible estime de soi peut favoriser le développement d’un burn-out, le burn-out se fiche de savoir si vous vous accordiez déjà peu de valeur avant qu'il ne soit là, il en rajoute une couche et fera vaciller l’estime de soi qu’il vous reste alors.


Un psychologue sera vous guider dans les différents aspects de la guérison et rendra votre retour au travail plus facile à appréhender.


Mettez-vous réellement en arrêt :

On est en arrêt, mais on continue à prendre des appels, des projets, on n’ose pas dire non ?

Non et non, éloignez-vous du travail, votre culpabilité ne doit pas entraver votre santé, tout comme le manque de considération de la part de votre employeur ! Faites confiance à votre médecin, s’il vous a mis en arrêt, c’est parce qu’il le fallait !

  1. Définissez avec votre médecin ou psychologue, les conditions de votre arrêt.

  2. Transmettez-les IMMÉDIATEMENT et clairement à votre employeur, pour qu’il sache à quoi s’en tenir.

  3. Prévenez les collègues avec qui vous travaillez en collaboration pour qu’ils puissent reprendre ou finaliser vos dossiers.

  4. Transmettez-leurs les dossiers en question (mis à jour)

Ces petites choses, peuvent paraître stressantes et elles le sont effectivement. Mais tant que vous ne le faites pas, vous ne pourrez pas avoir l’esprit libéré du travail.


Acceptez votre état d’épuisement :

Accepter que l’on ait atteint un point de rupture prend du temps et demande de la patience. La 1er semaine est généralement celle où l’on ressent toute la culpabilité d’être en arrêt. Culpabilité vis-à-vis de ses collègues, de son employeur, … Il faut vite briser ce cercle infernal, vous avez déjà trop donné !

Et même si à ce stade vous refusez de comprendre encore que vous êtes épuisés et pas juste fatigué, mais véritablement épuisé, laissez-vous le temps d’accepter votre état.


Repos :

Prendre du repos va de pair avec le fait d'accepter son état. Il n’est pas temps de se poser des questions du genre “comment va se passer le retour au travail ?”. Il est temps de se reposer !

Et sachez que ça ne va pas être évident de faire retomber la pression. On commence par tourner en rond dans son appartement, on cherche quoi faire, on envisage alors de nettoyer ses plaintes à la brosse à dents ….

Et si vous alliez plutôt prendre une marche, vous achetez un café à emporter et aller faire le tour des antiquaires ?

Commencez léger, un film (qu’on regarde en diagonal), une ballade, prendre le temps de se cuisiner son plat préféré, ….


C’est l’accumulation de ces petits moments qui vous feront sortir de la spirale.

Le burn-out vous a conduit à tourner l’intégralité de votre vie vers le travail, mais on ne vit pas pour travailler, on travaille pour vivre, alors maintenant il est temps d’apprendre à profiter de ce repos (largement et durement mérité).


Partagez :

Quand vous sentez être de nouveau sur pied, que vous avez accepté d’être en arrêt et commencez à ressentir les premiers bienfaits du repos alors, partagez votre expérience avec les gens qui vous entourent et/ou avec vos collègues.

C’est en me confiant à des collègues de laboratoire et à des étudiants du même programme, que j’ai réalisé que je n’étais vraiment pas la seule et encore moins la première. D’autres étudiants s’étaient retrouvés dans des situations similaires, avaient dû arrêter leurs cours, stage clinique ou internat pour les mêmes raisons. Mais ce n’est finalement pas le fait de ne plus me sentir seule qui m’a le plus aidé ...

Si je n’avais pas parlé avec elles, j’aurais continué à avoir des attentes irréalistes concernant mon arrêt. Elles m’ont fait comprendre que le processus de guérison prend souvent plus de temps que l’arrêt officiel, qu’il ne faut pas se flageller parce qu’on a l’impression de ne pas remonter assez rapidement la pente, en bref, elles ont soulagé ma culpabilité et stoppé mon auto-critique.


Le moment des questions :

C’est maintenant que l’on se pose les questions qui ont poppé dans notre tête au moment où le médecin a prononcé le terme “burn-out”.

  • Quels ont été les facteurs au travail qui ont provoqué mon état ? (surcharge de travail, mauvaise communication avec son responsable, des deadlines changeantes et irréalistes, …)

  • Quelles ressources (professionnelles, humaines) m’ont manqué ? (comme avoir accès aux procédures dès le début d’une tâche pour faire correctement et rapidement son travail)

  • Quels ont été les signes avant-coureurs de mon épuisement ? (difficultés de sommeil, tristesse, erreurs dans vos rapports, …). Cette question est importante, car elle vous permettra de mieux identifier des situations similaires dans le futur et de vous ajuster en conséquence.

  • Qu’aurais-je pu faire à ce moment-là pour me sentir mieux (rencontrer son responsable pour en discuter, dire non, prendre une journée ou un week-end pour soi sans appel ou courriel pro, ….)

  • Qu’est-ce que cela m’a appris sur moi ? (quelles sont vos limites, quels sont vos priorités, quel place a le travail dans votre vie maintenant, qu’est-ce que vous attendez d’un travail et que ne voulez-vous absolument plus rencontrer comme situations, au travail, …..)

 

Mon burn-out

Quand je suis rentrée dans le bureau de la psy, je m’étais préparée à tout et au pire, de la dépression, aux troubles attentionnelles et mnésiques… Je n’aurais jamais pensé m’entendre dire que je souffrais de burn-out.

Oui, je travaillais beaucoup, et travailler, je connais et j’aime ça. Je travaille à côté de mes études depuis toujours, les soirs, les week-ends, les vacances...Je travaille et ai travaillé pour financer mes études et profiter un peu de la vie à côté. Alors quand, la rentrée universitaire 2019 est arrivée, et même si j’étais déjà un peu fatiguée suite à un été chargé en recherche, je ne me suis pas inquiétée.

Non, je ne me suis pas inquiétée de prendre une charge de cours que je n’avais jamais enseigné auparavant, de travailler simultanément pour les deux laboratoires auxquels j’étais affiliée, de suivre un cours, de faire mon stage clinique et de déposer mon sujet de thèse pour le 15 décembre…. À côté de cela, bien-sûr s’ajoutent les demandes de bourse (entre 20 et 40 heure pour monter un dossier), les courriels d’étudiants, les cours à réviser, ceux à préparer, les examens à envoyer, …..

Non ça ne m’a pas inquiété, mais ça aurait dû, parce que mon erreur a été de vouloir trop en faire en pensant que je pourrai tout gérer à la perfection.

Bien entendu ça n’a pas été le cas ou du moins, ça n’a pas été longtemps le cas.

Très enthousiaste au début, j’ai vite déchanté face au manque de ressources, aux demandes changeantes, aux deadlines irréalistes et au manque de compréhension de la part de mes responsables.

Être étudiant … c’est un statut bâtard. On vous répète sans cesse que vous avez de la chance et oui c’est une chance de s’éduquer, mais personne ne réalise le travail et les sacrifices que les études supérieures demandent (à part ceux et celles qui en ont fait). Enfin bref, au doctorat, tout est priorité ! Que ce soient vos cours, vos stages, votre recherche, tout, ABSOLUMENT TOUT, doit être fait en priorité !

Et c’est ce que j’ai tenté de faire…. Jusqu’à me brûler ….

J’ai commencé à ne plus réussir à m’endormir, à me réveiller une heure avant mon réveil, à davantage manger, à pleurer sans raison, les dossiers s’accumulaient, les retards aussi … Je sentais que ça n’allait pas, mais en travaillant plus, je pourrais rattraper mon retard et peut-être même prendre de l’avance, non ?

Non, ce n’est évident pas ce qui s’est passé…. J’ai accumulé davantage de fatigue, de stress et de frustration …

Pleurer sans raison n’est pas bon signe et pourtant, ce n’est pas ce qui m’a le plus inquiété … Quand j’ai commencé à en faire de petites erreurs un peu partout, à ne pas les remarquer et enfin, commencé à oublier des RDV, des devoirs, …. C’est là que je me suis inquiétée.

Ma mémoire ne m’avait jamais fait défaut et elle me trahissait au pire moment, ce n’était vraiment pas le moment de craquer !

La date de mon dépôt de sujet de thèse se rapprochait, les examens pour le cours que j’enseignais aussi. Je devais continuer et travailler plus fort, me prouver et leur prouver que, contrairement à ce que j’avais pu entendre, ce n’était pas un manque d’attention, d’organisation ou encore de professionnalisme qui provoquait ces erreurs, ces oublis….

J’ai alors prévenu mes responsables que je commençais à être fatigué, à ne plus réussir à tout gérer…. j’ai demandé un ralentissement dans mes travaux pour avoir le temps de me remettre sur pied et mieux reprendre ensuite (ce qui se fait beaucoup aux études supérieures), mais il a été ignoré.

Et puis un jour particulièrement stressant, j’ai craqué …. Ce jour-là, ma boite mails étaient ouvertes (comme à son habitude), un nouveau message est arrivé, la petite sonnerie pour m’en avertir a sonné et moi ….. J’ai vomi.

Tout simplement et bêtement, j’ai vomi. Le simple son d’un nouveau mail signifiant une nouvelle tâche, une nouvelle question d'un étudiant, une autre demande de mes responsables, … Je n’ai pas pu. Tellement gênant, humiliant de réagir aussi excessivement à un mail, mais je n’ai rien pu contrôler et c’est ce qui a été le pire. Je n’ai pas pu me contrôler ! Moi ! Qui aime tant le contrôle, je ne l’avais même plus sur mon propre corps à ce stade.

Ça a été la goutte d’eau, celle qui a fait déborder mon vase. J’ai filé aux toilettes me débarbouiller, pris mon sac et suis rentrée.

En fermant derrière moi, ma porte d’entrée, toutes les vannes se sont ouvertes d’un coup et j’ai pleuré. Je n’avais plus de jus, j’étais à bout, j’ai alors décidé de consulter une psychologue.

Quand elle m’a dit qu’elle me mettait en arrêt pour burn-out, j’ai recraqué ! Hors de question, ce n’était pas possible ! Je suis étudiante au doctorat en neuropsychologie et je fais un burn-out ? C’est quoi cette histoire ? Le cordonnier qui est toujours le plus mal chaussé ?

J’ai commencé à négocier avec elle les conditions de mon arrêt “6 mois d’arrêt ? Vous êtes sûre ? Est-ce que 2 mois, ça ne serait pas plus pertinent ?”

Mais elle m’a mise face aux réalités, je pouvais soit m’arrêter et me remettre sur pied, soit y retourner et continuer à m’épuiser en pensant que je n’étais pas assez compétente, efficace, professionnelle, etc …


Avec du recul …


Quand je prends du recul sur mon burn-out, je réalise que j’ai beaucoup appris de cet épuisement. Il m’a mis une sacrée claque dans la face, mais appris beaucoup de choses sur moi. Je sais désormais ce que j’accepte et ce que je n’accepte pas au travail, je connais mes limites et les indices qui me font savoir que “là” j’en fais trop. On pense souvent que l’on peut porter plus d’assiettes que nos bras sont capables d’en tenir, oui, vous pouvez peut-être le faire, mais tiendrez-vous 2, 4 ou 8 mois dans cette situation ? Pourriez-vous maintenir cette même énergie si l’environnement qui vous entoure ne vous soutient pas et, au contraire, vous rajoute des charges à porter ?

Non, personne ne le pourrait


Et avec encore un peu plus de recul maintenant, la vérité est ....que je ne me suis pas écoutée et j’ai laissé les attentes de mon travail, études, stage, recherche prendre le pas sur mon bien-être et ma santé. Je vois maintenant toutes les fois, ou j’aurais dû dire “non”

Pas évident, hein ?!

De dire non, à son patron, directeur ou responsable …. Et pourtant, j’ai appris que savoir dire non aux autres, c’est se dire oui à soi-même.



J’espère que vous aurez trouvé cet article intéressant et qu'au-delà de ça, vous prendrez soin de vous, que ce soit à la maison ou .... au travail.




Références:


Schaufeli, W. B., & Greenglass, E. R. (2001). Introduction to special issue on burnout and health. Psychology & health, 16(5), 501-510.


Salembier-Trichard, A. (2019). Épuisement professionnel, burn out. L'information psychiatrique, 95(5), 311-315.


Gollac M. Collège d’expertise sur le suivi des risques psychosociaux au travail. Paris, 2011.


Maslach, C., & Leiter, M. P. (2011). Burn-out: le syndrome d'épuisement professionnel. Les arènes.


Kupcewicz, E., & Jóźwik, M. (2020). Association of burnout syndrome and global self-esteem among Polish nurses. Archives of Medical Science: AMS, 16(1), 135.


Hill, A. P., & Curran, T. (2016). Multidimensional Perfectionism and Burnout: A Meta-Analysis. Personality and Social Psychology Review, 20(3), 269–288. https://doi.org/10.1177/1088868315596286


Jeung, D. Y., Lee, H. O., Chung, W. G., Yoon, J. H., Koh, S. B., Back, C. Y., ... & Chang, S. J. (2017). Association of emotional labor, self-efficacy, and type A personality with burnout in Korean dental hygienists. Journal of Korean medical science, 32(9), 1423-1430.


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